🌿 Huiles essentielles & hormones : stop aux idées reçues !
- Franck Gigon
- 4 avr.
- 2 min de lecture
Depuis plusieurs années, des rumeurs circulent sur l'effet hormonal supposé de certaines huiles essentielles (HE). Elles seraient à éviter en cas de cancer hormono-dépendant, déséquilibres endocriniens ou pendant la grossesse. Ces recommandations sont-elles justifiées ? Une étude scientifique récente permet enfin d’y voir clair.

⚗️ Le contexte : entre rumeurs, croyances et confusions
Des ouvrages d’aromathérapie et de nombreuses formations diffusent encore l'idée que certaines HE, comme la Salvia sclarea, le Cupressus sempervirens ou la Lavandula angustifolia, possèdent une activité « œstrogène-like » ou corticotrope. Ces affirmations ont semé la confusion, voire l'inquiétude chez de nombreux utilisateurs et professionnels de santé naturelle.
Mais qu’en est-il vraiment sur le plan scientifique ?
🧪 Une étude indépendante passée au crible de la littérature scientifique
En 2024, deux chercheurs français, R. Rancé et L. Bureau (Université de Rennes), publient une analyse rigoureuse dans la revue Phytothérapie (Vol. 22, n°4-5, juillet-octobre 2024). Leur objectif ? Vérifier la véracité des effets hormonaux supposés attribués à certaines HE, à travers une revue de littérature sur PubMed, Scopus et Google Scholar.
🔍 Les principaux résultats
🚫 1. Aucune activité hormonale pour la majorité des HE analysées
Salvia sclarea (sauge sclarée) : Le fameux sclaréol, souvent présenté comme « œstrogène-like », est très peu présent dans les HE commerciales. Et surtout, aucune étude n’a démontré de liaison avec les récepteurs hormonaux humains.
Cupressus sempervirens (cyprès) : Malgré une réputation ancienne, aucun effet hormonal n’a été retrouvé, ni d’étude clinique ou préclinique en ce sens.
Lavandula angustifolia (lavande) et Melaleuca alternifolia (arbre à thé) : Les rares cas de gynécomastie chez des garçons exposés à des produits contenant ces HE sont controversés et non reproductibles. Les effets observés in vitro ne sont pas extrapolables in vivo.
⚠️ 2. Des effets possibles… mais in vitro seulement
Certaines molécules comme le trans-anéthole (présent dans Pimpinella anisum, Foeniculum vulgare, Illicium verum) montrent une faible activité œstrogénique in vitro, à très haute dose. Mais cette activité est :
100 à 1000 fois moins puissante que celle des œstrogènes naturels ;
Non démontrée chez l’humain aux doses d’usage aromathérapique.
🌱 3. Des effets bénéfiques potentiels à explorer
Loin d’être nuisibles, certaines HE comme la Mentha spicata (menthe verte) ou la Nigella sativa (nigelle) montrent un potentiel intéressant :
Amélioration des troubles du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
Réduction de l’anxiété hormonale et régulation des cycles dans des modèles animaux
Mais là encore, des études cliniques humaines sont nécessaires.
✅ Conclusion : mieux vaut des données que des dogmes
L’étude conclut clairement : les propriétés hormonales attribuées à la majorité des HE reposent sur des interprétations erronées ou non validées.
“Les contre-indications systématiques en cas de troubles hormonaux ne sont pas scientifiquement fondées.”— Rancé & Bureau, 2024
💡 Cela ne veut pas dire qu’il faut tout utiliser sans discernement. Mais cela réhabilite de nombreuses HE injustement écartées, y compris chez des personnes souffrant de troubles hormonaux.
🧾 Référence bibliographique :
Rancé, R., & Bureau, L. (2024). Huiles essentielles et activité hormonale. Phytothérapie, 22(4–5), 212–216. https://shs.cairn.info/revue-phytotherapie-2024-4-page-212?lang=fr&tab=auteurs
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